Passage de Choiseul :Longueur 190 m, largeur 3.9
Passage de Choiseul :
Longueur 190 m, largeur 3.9 m.
Passage Sainte-Anne :
Longueur 47 m, largeur 2.85 m. mais des réduits ont été installés et la largeur s’en trouve réduite.
Ouvert tous les jours de 8 h à 20 h sauf le dimanche.
Inscription ISMH le 7 juillet 1974 : Passage en totalité, façades et toitures sur rues des immeubles 23, rue Saint-Augustin, 40, rue des Petits-Champs, 6-46, rue Dalayrac et 59-61, rue Sainte-Anne, comportant les entrées des deux passages.
Les banquiers Mallet frères et Lemercier de Nerville achetèrent, en 1824, pratiquement, le quadrilatère comprit entre les rues Gaillon, Neuve de Saint-Augustin, Sainte-Anne et Neuve des Petits-Champs. Dans ce quadrilatère on trouvait :
- L’hôtel de Gesvres, 23 rue Neuve Saint-Augustin, qui a été construit vers 1655, par Lepautre, pour Joachim Seighere de Boisfranc, intendant des finances du duc d’Orléans. A sa mort l’hôtel revint à son gendre, marquis de Gesvres, qui le convertit en un tripot où l’on jouait de fortes sommes au pharaon et au lansquenet. Ce fut le plus célèbre sous la Régence. Il a été ensuite loué au comédien Poisson qui y mourut en 1739. En 1755 l’hôtel passa à une dame Peilhan.
- Le couvent des Nouvelles catholiques, 59-63 rue Sainte-Anne, s’installa à cet emplacement en 1672. Il avait pour but l’éducation religieuse des protestantes converties.
- L’hôtel de Lionne-Pontchartrain, 44 rue Neuve des Petits-Champs, qui a été construit pour le marquis de Lionne, ministre des affaires étrangères de Louis XIV, en 1661 par l’entrepreneur Michel Villedo sur des plans de Le Vau. Il appartint ensuite au duc d’Estrées puis, à partir de 1703, aux Phélyppeaux de Pontchartrain. L’hôtel, après un échange immobilier avec le roi, devint, de 1748 à 1756, l’une des résidences des ambassadeurs extraordinaires puis le siège du Contrôle général des finances. En 1791 il fut cédé au ministère de l’intérieur et il retourna au ministère des finances en 1800.
- L’hôtel Langlée, 46-50 rue Neuve des Petits-Champs, construit en 1682, par Gérard Huguet pour Claude Langlée. Sa nièce le vendit, en 1708, à Claude Le Bas de Montargis. Law l’acheta en 1718 et l’échangea’ en 1720, contre l’hôtel Tubeuf appartenant au duc Paul-Jules de Mazarin. Cet hôtel fut loué, en 1738, à René Herault puis en, 1741, au comte de Coigny. L’hôtel fut vendu en 1758 au financier Pâris de Montmartel qui le légua, en 1766, à son fils, marquis de Brunoy. Le duc d’Orléans l’acheta en 1782 pour sa fille, duchesse de Bourbon, le lui reprit en 1788 pour le vendre à Simon Le Normant qui le céda aussitôt à l’état.
Leur intention est de percer une rue dans le prolongement de la rue Ventadour et de l’encadrer par deux passages. Pour cela ils rasent les hôtels sauf un corps de bâtiment de l’hôtel de Gesvres dont le porche servira d’entrée au passage de Choiseul. Nom qu’il prend du fait qu’il prolonge la rue de Choiseul. Les travaux commencent en 1825. L’élargissement de la rue Ventadour en 1826 va les obliger à changer leur projet. Le 8-10-1826 une ordonnance royale les autorise à percer, dans le prolongement de la rue Ventadour ce qui deviendra en 1829 les rues Méhul, Dalayrac et Marsollier qui forment une place sur laquelle, conformément à la réglementation en vigueur pour les bâtiments publics importants, on construira un théâtre pour l’Opéra Comique qui cherche une salle et enfin la rue Monsigny. La construction du passage de Choiseul se poursuit sous la direction de l’architecte Antoine Tavernier qui succède à l’architecte concepteur François Mazois décédé. Il sera livré au public en 1827. Le deuxième passage, dont un tronçon a déjà été construit, sera remplacé par un immeuble à la fin du XIXe siècle. Le passage Sainte-Anne, percé à travers le couvent des Nouvelles Catholiques, se raccordera au passage de Choiseul en 1829. On envisage de créé son pendant vers l’ouest jusqu’à la rue Gaillon mais ce projet ne verra pas le jour.
En entrant par la rue Sainte-Anne, le passage Sainte-Anne possède, sur le coté droit, un mur qui, par sa décoration, dénote avec le reste du passage sans intérêts. Il est actuellement complètement désert.
Baudelaire habita en février 1864 l'hôtel d’York (actuellement hôtel Baudelaire Opéra),
Les porches des deux entrées principales sont couronnés d'une marquise de qualité.
Coupe et développé du passage.
Le passage est doté d'une verrière à double pente rénovée en 1981 et en renovation depuis 2009. Les verrières et les marquises rénovées ont été inaugurées le 25 juin 2013.
A l’entrée, rue Saint-Augustin, à droite se trouve affiché le règlement intérieur du passage. Il en existait un autre au n°83 mais il a été retiré en 2013. En 2014 ou 2015 le règlemenbt a été remplacé et il a beaucoup moins de charme.
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L'histoire du passage est liée à la littérature et au théâtre.
Fils de cultivateurs installée dans la Manche, Alphonse-Pierre Lemerre arrive à Paris en 1860 et se fait embaucher par le libraire Pierre-Paul Percepied qui tient boutique au 42 passage Choiseul : on y trouve des ouvrages religieux et des objets de piété, mais aussi un fonds de classiques dont Lemerre héritera en 1862Il décroche son diplôme de libraire et ouvre sa propre boutique au numéro 47 du même passage. Lemerre épouse le 11 août 1864 la modiste Antoinette-Sophie Faynot qui tient boutique, au 44, juste en face de la librairie. Grâce à l'argent de son épouse, Lemerre se lance dans l'édition en 1865. Il se choisit une marque, un homme bêchant, et une devise latine fac et spera (agis et espère).
C’est au 47 que vont se réunir les futurs poètes du Parnasse contemporain recueil de vers nouveaux. Il comprend 18 livraisons hebdomadaires du 3 mars 1866 au 30 juin 1866, avant la parution du volume complet en octobre. Il publiera deux autres volumes en 1871 et 1876. C'est une œuvre collective a laquelle 99 écrivains poètes vont participer. Sully Prudhomme y participe et Lemerre lui édite plusieurs recueils de poèmes vers 1880-1890. (Premier prix Nobel de littérature en 1901).
En novembre 1866, Verlaine publie chez Lemerre, à compte d’auteur, ses Poèmes saturniens. Verlaine publie deux autres recueils toujours à compte d’auteur.En 1867, Anatole France fait partie du groupe des Parnassiens. A partir de cette date il travaille à la librairie jusqu'en 1876. Il est chargé de relire les épreuves des ouvrages et de veiller à leur fabrication. Il rédige également de nombreuses préfaces pour des classiques comme Molière. En 1876 Lemerre lui publie « Les Noces Corinthiennes ». (Prix Nobel de littérature en 1921).
La librairie déménage au numéro 27-29 en 1872. Elle s’agrandit en ajoutant le 31 puis le 23-25 et enfin le 33.
Les petits-enfants de Lemerre ferment la librairie et la maison d'édition en février 1965.
En 1899 Marguerite Destouches, la mère de Louis Ferdinand Céline, tenait, au 67, un fond « d'objets de curiosité ». En 1904 elle déménagea au 64 ou elle se spécialisa dans la vente de lingerie de luxe, de dentelles et d'objets anciens. Céline raconte son enfance dans Mort à crédit ou il décrit le passage de Choiseul sous le nom de passage des Bérésinas.
Le 64 est occupé, actuellement, par le magasin de prêt-à-porter Morgane.
Allan Kardec, auteur de recueils pédagogiques et codificateur du spiritisme, de son vrai non Hyppolyte Léon Denizard Rivail a habité passage Sainte-Anne où il est mort le 31-3-1869, à l’âge de 65 ans, d’une rupture d’un anévrisme.
Obligé de quitter le passage des Panoramas, Louis Comte fit construire par Brunneton et Allard une salle sous le nom de « Théâtre des Jeunes Elèves de M. Comte » qui fut inauguré le 23-1-1827 avec accès passage Choiseul et rue Neuve Ventadour (future rue Monsigny). Un décret de 1846 interdisant d'engager aux théâtres des enfants de moins de 15 ans, Comte fut obligé de modifié son spectacle et son théâtre périclitât. Offenbach obtint le 15-6-1855 le privilège de l'exploiter. Agrandi et superbement décoré par Ballu, il prit le nom de Bouffes Parisiens. Il fut inauguré le 29-12-1855. Offenbach dirigea 7 ans ce théâtre et aimait y entrer par le n°73 du passage. Le théâtre fut démoli et reconstruit sur place par Theodore Charpentier en 1863 en plus grand (1100 places). Il a été restauré en 1879 et remis à neuf en 1918. On peut penser que c’est à cette date que l’entrée passage de Choiseul a été déplacée aux n°63 à 67. Il a été rénové en 1960. Il contient, actuellement, 600 places. Jean Claude Brialy le dirigea de 1986 à sa mort en 2007.
Face au 46 se trouve une sortie donnant dans la rue Dalayrac. Cette sortie n'est mentionnée nulle part. Face à la sortie se trouve un bâtiment qui, dans sa totalité, était le théâtre construit par les architectes Huvé et Guerchy. Il faisait 1700 places. Sa façade fait face à la rue Méhul. L'Opéra Comique l’inaugura le 20-4-1829 et le théâtre prit le nom de salle Ventadour. Il l’occupa jusqu’au 22-9-1832. Il prit, en 1833, le nom de Théâtre Nautique mais l’entreprise eut peu de succès. Apres l’incendie de la salle Favart dans la nuit du 13 au 14 janvier 1838 les artistes italiens y donnèrent quelques représentations. Le 8-11-1838 il prend le nom de théâtre de la Renaissance mais le succès n’est toujours pas au rendez-vous. En octobre 1841 les Italiens occupent de nouveau la salle. Le théâtre devient un lieu à la mode et il est de bon ton d’y avoir une loge. La prudence de Louis-Philippe avait exigé la construction entre le théâtre et le passage de Choiseul d'un souterrain qui a été retrouvé peu avant 1900. En effet le 28-7-1835, pour l'anniversaire de la révolution de Juillet, Louis-Philippe passe en revue la garde nationale sur les grands boulevards. A la hauteur du 50 boulevard du Temple la machine infernale déclenchée par Fieschi explose. Miraculeusement, le roi n'a qu'une éraflure au front tandis qu'il y a 19 morts dont le maréchal Mortier et 42 blessés. En 1870 le théâtre ferme pour cause de guerre et est transformé en ambulance. Les italiens l'occupèrent de nouveau en 1872. En 1878 il était bien délaissé lorsqu'il fut acheté par la banque d'escompte qui le revendit en 1892 à la Banque de France. Actuellement le bâtiment est occupé par les services sociaux de la Banque de France.
Le passage profitait de la clientèle des théâtres et leur servait de promenoir pendant les entractes.
Les magasins longeant la rue Dalayrac ont une sortie donnant sur cette voie mais elle est le plus souvent condamnée
Au n°52 Lavrut, papeterie d’art et spécialiste des couleurs, y est installé depuis 1922. Le magasin empiète sur le passage Sainte-Anne ou il utilise des réduits pour mettre ses réserves qui le rétrécissent. A son apogée le magasin occupait une bonne partie du passage. En particulier, deux boutiques dont une inscription, sur une poutre transversale, l’atteste encore aujourd’hui. Les boutiques étaient occupées par Libria, magasin de vente de livres neufs à prix réduits et de livres d’occasion jusqu’en 2012. Le graveur Boisnard déménage du n°83 pour ouvrir ses portes au n°82 le 14-1-2013. Installé dans le passage depuis 1920 c’est la plus vieille enseigne. C’est un retour au source car le graveur fait partie du groupe Lavrut. Celui-ci avec le groupe Les Papeteries Réaumur ont créés, en 2011, le groupe Elli pour devenir le n°1 de la papeterie en Ile-de-France..
En 1970 le couturier Kenzo Takada ouvrit sa première boutique, Jungle Jap, dans le passage avant de s'installer, six ans plus tard, place des Victoires.
Aujourd'hui il est tributaire des heures de bureaux et est principalement occupé par des magasins de modes et des restaurants qui depuis 2015 remplacent les magasins de mode.
Le passage de Choiseul à un siècle de distance.
1907 2009